🐄 Dans Ma Tete Un Rond Point Film Complet

Lesarchives par sujet : denis rollier. Précédent 123 4 5 Suivant Saint-Denis 30500, Gard, Occitanie 281 .hab Événements autour de Saint-Denis Annonces autour de Saint-Denis Agenda Saint-Denis Annonces Saint-Denis (emploi, entreprises à reprendre, locaux pro) Saint-Denis-de-Vaux 71640, Saône-et-Loire, Bourgogne-Franche-Comté 278 .hab

À cinquante-trois ans de distance, deux penseurs Simone Weil et Jack Goody, frent le même constat, l’une en 1943, l’autre en 1996. L’Occident, pour se comprendre lui-même, doit se tourner vers l’Orient. Simone Weil, en 1943, répondant à une demande du Ggnéral de Gaulle sur l’état de l’Europe après la guerre, écrit La civilisation européenne est une combinaison de l’esprit d’Orient avec son contraire … Nous avons besoin d’une injection d’esprit oriental. » [1]Jack Goody comme en écho, écrit, lui en 1996 Nous avons besoin de repenser l’Orient et l’Occident … une fausse évaluation comparative de l’Orient et de l’Occident affecte aussi notre compréhension de l’Occident en tant que tel. [2]»1Ce besoin de l’Orient indique non une simple et vague aspiration exotique mais bien une urgence, voire un avertissement civilisationnel, dont Pierre Legendre, en 2004, reprenait lui aussi l’essentiel pour être au clair avec lui-même l’Occident doit cesser de voir l’Orient, l’esprit oriental, comme l’autre irréductible mais bien comme un indispensable interlocuteur [3]. Cet effort pour se penser avec et par l’Orient ne concernerait pas que tel ou tel homme, telle ou telle culture ; en effet, il est question en 1943 comme en 1996 d’un nous » engageant ce que Perelman nomme un auditoire universel ».2Ce nous » concernerait les Occidentaux mais implicitement aussi les Orientaux, qui auraient à souffrir de cet aveuglement sur soi caractérisant l’Occident, coupé de l’Orient. Ce qui manquerait à l’Occident serait justement une analyse lucide de l’esprit oriental ». De plus, chez ces deux auteurs, ce nous » n’est jamais défini il demeure une catégorie descriptive et statique, là où notre colloque nous invite à initier une approche problématique et dynamique et ce, par le biais de l’image du regard. C’est pourquoi le double avertissement de 1943 et de 1996 vaut non comme une imprécation mais comme un appel au travail conceptuel et philosophique. Face à cette difficulté théorique, formulons une hypothèse de travail nos deux auteurs semblent occulter une série d’obstacles qui nous éloignent de l’Orient, au moment même où nous voulons l’ Weil 1909-1943.Simone Weil 1909-1943.Une série d’obstacles à lever4Il nous faut réfléchir sur la nature et l’origine du regard occidental sur l’Orient et sur l’esprit oriental en général [4]. C’est à partir d’images précises, tirées de Jules Verne et d’Hergé que nous pouvons essayer de illusions nous éloignent, en effet, de l’esprit oriental au moment où nous sentons bien ce qu’il révèlerait de première illusion l’inclusion des autres6Une première illusion dans notre rapport à l’Orient est analysée par Pierre Legendre en 2004. L’Occident cherche à inclure l’Orient sur le mode de la conversion et de la réduction de l’autre au même. Quand un non-Occidental ouvre enfin les yeux sur lui-même grâce aux dogmes religieux ou aux dogmes scientifiques, il découvre qu’il est occidental » sans le savoir. C’est l’âme de l’ethnocentrisme, si bien analysé par Lévi-Strauss dans Race et inclusion-réduction » des autres qui parle des autres comme des bêtes curieuses » triomphe de cette machine textuelle occidentalo-centrée qu’est le Tour du monde en 80 jours de Jules Verne, écrit en 1873. Dans ce texte, les personnages se déplacent mais ne voyagent pas ; ils vont au plus pressé ; Passepartout, le domestique de Philéas Fogg, a oublié de fermer le gaz et le compteur tourne. Aucune place pour le moindre détour buissonnier. Il faut alors, pour gagner du temps, ne jamais s’excuser qu’on ne pourra que croiser les autres peuples et cultures sans les rencontrer. Philéas Fogg doit donc foncer dans le brouillard fog et en ligne droite. Deux séries d’images illustrent cette course contre la montre et cette mise en place d’une stratégie réductrice occidentalo-centrée 8le plan général du trajet rectiligne et quadrillé de Philéas Fogg sous forme d’un planisphère ; voir les pages 302 et 303 de l’édition de poche ;deux illustrations, en outre, où des Chinois croisés à Hong-Kong ne sont jamais vus de face pp. 141et 147. Les contours précis des Orientaux se perdent dans le brouillard de la méconnaissance et du mépris. L’Oriental est comme l’ailleurs absolu de l’Occidental. Rien de plus révélateur que la description de Hong-Kong, à la page 140 Des docks, des hôpitaux, des wharfs, des entrepôts, une cathédrale gothique, tout ferait croire qu’une des cités commerçantes des comtés de Kent et du Surrey traversant le sphéroïde terrestre est venue sur son parcours. Il y a ainsi une traversée de villes anglaises tout autour du monde. »9Ces lignes parlent bien du monde mais à travers le regard d’un Anglais pouvant faire du surplace tout en se déplaçant il ne change jamais de décor ; l’ esprit oriental » est nié, à travers des folklorisations exotiques convenues. Le regard occidental est ici un dispositif qui réduit l’altérité orientale dans une identité statique et seconde illusion la tentation du Yéti10Les albums d’Hergé, consacrés à Tintin, constituent un ensemble d’images expliquant le mécanisme de négation du non-occidental par l’Occident. La dernière page du Lotus Bleu est révélatrice du tropisme pro-occidental du dessinateur. L’ami de Tintin, Tchang, et un autre personnage, sont présentés de dos, voyant un bateau retournant en Occident, avec Tintin à son bord. Mais l’album, plus récent, Tintin au Tibet vient encore compliquer la machine à inclure et à réduire, à l’œuvre dans le précédent album. Là encore, la négation de la richesse irréductible de l’Orient et de l’Occident est au cœur de l’enthousiasme pro-occidental, mais Tintin au Tibet imagine une nouvelle stratégie plus subtile encore ; nommons mythe du Yéti le processus fictionnel pour lequel, niant la diversité et l’étrangeté des cultures non-occidentales, l’esprit occidental invente, un en-deçà culturel primitif et écologique, permettant de faire l’économie de la rencontre Orient/Occident pas de culture Yéti [5]. Un Yéti n’est pas vraiment un animal mais pas vraiment un homme non plus ; il permet à l’occidental Tintin de vivre provisoirement avec les Orientaux Tchang et les moines tibétains sans les rencontrer vraiment, puisqu’il y aurait un danger commun. Le primitivisme inquiétant du Yéti unit artificiellement les personnages de l’album, cela les dispense de se certain écologisme » planétaire actuel ne jouerait-il pas ce rôle … de Yéti ; le réchauffement climatique » d’une même planète en danger, fonctionnant comme danger commun unissant fictivement les hommes et ne tenant pas compte de la diversité, de l’histoire et de la responsabilité des cultures et des œuvres humaines historiques pour comprendre l’état du ces illusions et tentations installent le regard occidental dans un espace homogène, statique, planisphérique et linéaire le trajet direct de Philéas Fogg. Cet immobilisme spatial et temporel est sans doute à l’œuvre dans l’usage flou du nous » chez Simone Weil et Jack un problème nouveau se pose comment dépasser cette série d’illusions ethno-centriques et régressives primitivistes, pour tenir pleinement compte des avertissements liminaires de S. Weil et J. Goody ?15Il nous semble que c’est avec Kant que la contradiction pourrait être pensée, puis page géniale de Kant16Dans sa Métaphysique des mœurs, au §62, Kant suggère que le droit international droit cosmopolitique devrait se fonder sur le concept d’hospitalité qui fait de tout homme, d’où qu’il vienne, a priori, mon ami et non mon ennemi. Ce principe d’hospitalité, est requis, précise Kant, par la forme sphérique de la terre. Cette spécificité fait que je dois toujours m’attendre à voir surgir de l’horizon de nouveaux visages et considérer l’autre homme comme un hôte. La sphère remplace la ligne. Kant précise 17 La nature a refermé tous les hommes ensemble au moyen de la forme sphérique qu’elle a donnée à leur séjour à l’intérieur de certaines limites … [cette sphéricité de la terre favorise] une relation continuelle de chacun avec tous les autres consistant à se prêter au commerce réciproque. »18La méditation kantienne reliant sphéricité de la Terre et universalité a priori de l’hospitalité nous fait passer d’une approche statique et réductrice à une approche dynamique et pérégrinale de soi et des autres. De nouvelles questions surgissent cependant, après ce tour du monde suis-je donc si sûr de mon origine, de ma provenance, de mon histoire ? Le lever et le coucher du soleil ne me font-ils pas successivement oriental et occidental ? N’ai-je pas en moi une partie orientale et une partie occidentale ? Mon identité ne comporte-t-elle pas des éléments implicites d’autres cultures immigrées, anciennes et lointaines ? Suis-je sûr que quand je dis nous », je n’ai pas à inclure des ancêtres venus d’ailleurs et de fort loin ? Suis-je sûr de l’unité de ma propre conscience d’Occidental ou encore d’Oriental ? N’ai-je pas intérêt à revendiquer une appartenance totale à l’Orient et à l’Occident au sein d’une même Humanité ?19La sphéricité dynamique de la terre neutralise la part aveugle du nous » chez Simone Weil et Jack Goody, tout en nous conviant à relativiser l’opposition entre l’Orient et l’Occident. Se trouve aussi dépassée l’approche unilinéaire et réductrice de Jules Verne ou d’Hergé. Y aurait-il traces de l’Orient en moi ? En fait, le mouvement du soleil rencontrant la sphéricité de la terre anime sans cesse l’opposition Orient/ une fois dépassées nos contradictions initiales et les illusions ethnocentriques, que découvre l’Occidental quand, respectueux de la sphéricité de la terre, il médite sur l’apport et la nature de l’esprit oriental ?21Pour répondre à cette nouvelle question, c’est vers Paul Valéry que nous pourrions nous tourner pour synthèse de Paul Valéry l’Orient de l’esprit22Dans ses Regards sur le monde actuel Paul Valéry, par trois fois, médite sur le lien Orient / Occident. Ces trois textes constituent un corpus complet qui est rarement lu comme un ensemble philosophique cohérent [6]. Or ces pages donnent une triple réponse à la question qu’est-ce que l’esprit oriental » pour un Occidental ? Valéry, par avance, semble entendre l’avertissement de Simone Weil et de Jack Goody. Dans un premier texte intitulé Orientem versus datant de l’été 1938, écrit pour la revue Verve, Paul Valéry commence par libérer l’idée d’Orient du mythe exotique de l’orientalisme pour revenir au processus d’orientation. L’Orient présente d’abord un sens astronomique et dynamique même s’il faut tenir compte ensuite des cristallisations affectives voire idéologiques et historiques de ce terme. Paul Valéry écrit 23 Qui s’oriente vers l’Orient se sent tout incapable d’isoler dans l’éblouissement de noms et d’images qu’il en reçoit, une figure nette et une pensée finie. Puis intervient l’événement du lever du soleil Ce nom d’orient ne peut plus raisonnablement signifier qu’un point de l’horizon du lieu ». [7]24L’esprit oriental, curieux du jour à venir succédant à la nuit, attend la lumière sur un point timide de l’horizon. L’esprit oriental serait donc d’abord soucieux de se situer géographiquement dans un horizon qui est lui-même indicateur de la sphéricité du globe terrestre. Le sujet oriental accepterait d’être situé voire limité, contrairement au sujet occidental [8].25De plus, cette attente du jour située dans un horizon se complèterait d’une acceptation d’être soi-même inscrit dans une histoire, une provenance, une lignée. Dans un autre texte de 1895, Le Yalou, Paul Valéry, attaque ainsi l’individualisme amnésique occidental 26Paul Valéry fait parler un Chinois. Chaque homme d’ici se sent fils et père, entre le mille et le dix mille, et se voit saisi dans le peuple autour de lui, et dans le peuple mort au dessus du lieu, et dans le peuple à venir, comme la brique dans le mur de briques. Il tient. Chaque homme d’ici sait qu’il n’est rien sans cette terre pleine, et hors de la merveilleuse contribution d’ancêtres. Notre empire est tissu de vivants et de morts et de la nature. Ici tout est historique. Sur ces choses se rencontrent les esprits de nos pères avec les nôtres. » [9]27Parce qu’il accepte sa lointaine provenance incluant les ancêtres morts, l’esprit oriental se veut résolument spirituel, comme le dialogue de Fénelon, faisant se rencontrer Socrate et Confucius, le l’esprit oriental ne va jamais droit au but comme les héros de Jules Verne car il n’y a pas de but préexistant à nos vies et à notre esprit ce qui compte c’est l’attention au chemin. Contre la tentation du rectiligne », Paul Valéry fait l’éloge de l’arabesque qui nous situe exactement à l’opposé de la trajectoire monotone suivie par Philéas Fogg Paul Valéry voit dans l’arabesque le processus esthétique par lequel l’artiste fuit toute volonté de copier ou de ressembler pour laisser aller l’imagination libre du moment [10]. Par une pratique de l’arabesque, tout homme peut orienter sa vie en intégrant dynamiquement la diversité et la richesse des formes vivantes de la nature, des rencontres et des cultures. L’arabesque est un appel à calligraphier nos vies. Le regard est ici prolongé par l’improvisation imprévisible la trajectoire rectiligne est remplacée par l’imagination protéiforme et exubérante. La vie devient elle-même une œuvre d’art comme dirait Nietzsche et sans doute Popper, ambassadeur du monde 3 celui des œuvres d’art.29L’esprit oriental devient l’esprit humain orienté vers plus de vie et d’énergie. Il n’est plus situé géopolitiquement ou géographiquement mais spirituellement ; cet appel à la vie traverse sans doute les lignes de Simone Weil ou de Jack Goody. Il s’agit, par l’esprit oriental, de permettre à l’esprit occidental, réconcilié avec l’esprit humain, de proliférer », de se différencier, de se rejoindre » [11] Paul Valéry. Pour se réorienter, l’esprit occidental devrait donc passer de la ligne Jules Verne au cercle Kant pour suivre l’arabesque Paul Valéry.30À cet esprit occidental, orienté et réconcilié, de se laisser surprendre par le vertige de son propre avenir et la joie de sa propre liberté. Notes [1] in À propos de la question coloniale, NRF, page [2] In L’Orient en Occident, Seuil, 1996, pages 16 et 17. [3] Ce que l’Occident ne voit pas de l’Occident, Mille et une Nuits. [4] Contentons-nous pour l’instant d’une définition simple du terme esprit », comme lien intellectuel qui relie les membres des divers groupes ici les Orientaux » et les Occidentaux ». [5] Le Yéti pourra être remplacé par le martien ou par les habitants de Pandora du film Avatar. [6] Trois textes abordent directement cette problématique Orient et Occident, Orientem Versus, Le Yalou ; ils figurent dans le tome II des Œuvres dans La Pléiade ; nous y renvoyons. [7] Edition de La Pléiade, II, page 1041. [8] Nommons illusion carliste » la prétention à être à la tête d’un Empire où le soleil ne se coucherait jamais ». Charles Quint. [9] Ibidem, pages 1018-1019. [10] Voir La Pléiade, II, pages 1044 et 1045. [11] Œuvres, II, page 1045.

Trafic sexuel d'enfants, récolte d'adrénochrome : Il y a quelques semaines, dans l'Oklahoma, un semi-remorque s'est garé sur un parking vide en face d'un atelier de réparation de camions, tard dans la nuit, au milieu de nulle part. Les employés de l'atelier pensent que c'est un nouveau client et s'approchent du camion. Le conducteur du camion monte dans la voiture

p Bof Publié le 27/02/2016 Dans ma tête y a un rond-point. Avec quatre-vingt-dix-neuf chemins. Et je ne sais pas lequel prendre. » Ces mots ne sont pas ceux d'un routier mais d'un jeune boucher, qui travaille dans un abattoir à Alger. Le réalisateur y a posé sa caméra pendant deux mois, jour et nuit, pour filmer la vie des employés, des hommes exclusivement. Dans des conditions d'hygiène effrayantes, ces forçats du coutelas — qu'on voit peu égorger les bêtes — écoutent du raï et discutent beaucoup. D'amours contrariées, de Karim Benzema qui ne chante pas La Marseillaise, ou de ce dilemme si contemporain autour de la Méditerranée traverser ou se suicider. Entre les murs de cet abattoir se mêlent souffrance et désespoir. — Jérémie Couston Paiement sécurisé Sans engagement Désabonnement simple Déjà abonné ? Je me connecte Découvrir toutes nos offres Synopsis Les tripiers du plus grand abattoir d’Alger, dont le travail est pénible, parlent d'amour, de politique, de footballeurs fortunés, des prophètes et des oiseaux. Les films du même genre p Bof Des mots qui restent Nurith Aviv r Très Bien Le grand bal Carton Laetitia r Très Bien Le parti du cinéma Pauline Gallinari r Très Bien Chasseurs de truffes Dweck Michael r Très Bien Les Sorcières de l'Orient Julien Faraut Voir les films Résumé du casting Réalisateur Hassen Ferhani Regarder Pour soutenir le travail de toute une rédaction, abonnez-vous Pourquoi voyez-vous ce message ? Vous avez choisi de ne pas accepter le dépôt de "cookies" sur votre navigateur, qui permettent notamment d'afficher de la publicité personnalisée. Nous respectons votre choix, et nous y veillerons. Chaque jour, la rédaction et l'ensemble des métiers de Télérama se mobilisent pour vous proposer sur notre site une offre critique complète, un suivi de l'actualité culturelle, des enquêtes, des entretiens, des reportages, des vidéos, des services, des évènements... Qualité, fiabilité et indépendance en sont les maîtres mots. Pour ce faire, le soutien et la fidélité de nos abonnés est essentiel. Nous vous invitons à rejoindre à votre tour cette communauté en vous abonnant à Télérama. Merci, et à bientôt. S’abonner

Répondantà l’invitation du Rond-Point, À définir dans un futur proche explore donc cette fois le thème de la périphérie d’une manière poétique, métaphorique, subjective, topographique ou encore politique en invitant cinq artistes femmes sur scène. Programmé le 13 février 2019 par Jean-Daniel Magnin pour le Théâtre du Rond-Point

100' Pays-Bas, Liban, France, Algérie, 2015 Production Allers Retours Films Programmé par Olivier Barlet Résumé Dans le plus grand abattoir d’Alger, des hommes vivent et travaillent à huis-clos aux rythmes lancinants de leurs tâches et de leurs rêves. L’espoir, l’amertume, l’amour, le football, le paradis et l’enfer se racontent comme des mélodies de Chaabi et de Raï qui cadencent leur vie et leur monde. L'avis de Tënk Un credo penser que capter des atmosphères, des lumières, des musiques et des paroles permettra de saisir un souffle, l’esprit du lieu, et que cet esprit nous parlera de ce qu’est être ouvrier dans l’Algérie d’aujourd’hui. Tourner un tel film consiste donc à se mettre à l’écoute, avec pour espoir le surgissement du réel, comme dans l’extraordinaire scène du taureau où la vie s’infiltre sans prévenir. Un abattoir est un lieu de mort, et donc interrogation de vie. Le travail documentaire est de laisser cette vie s’immiscer dans le plan, avec une caméra à juste distance, en focale fixe. Si le rouge est présent, ce n’est pas le sang mais la couleur de la vie. Les travailleurs, qui vivent sur place, parlent avec légèreté de football, de musique et d’amour, de ces femmes absentes à l’écran mais omniprésentes dans les esprits. Une intimité se dévoile, un imaginaire se révèle. Comme le dit Amou, "je ne mens pas mais je ne tombe pas dans la vérité". Il n’y a ni solution ni affirmation, seulement des questions, un vertige au milieu des mille chemins du rond-point. Ce microcosme de solidarité ouvrière regroupe les composantes de l’Algérie de l’intérieur, avec les animosités et la diversité des cultures. C’est alors que les ciels nocturnes, les dominantes chromatiques, les jeux de lumières prennent tout leur sens et participent de la perception humaine de ce qui reste le drame d’un pays en huis-clos. Olivier Barlet Critique de cinéma et rédacteur pour Africultures

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